Question n°4

Individualiser, jusqu’où ?

Frédéric Lavenir

C’est l’un de nos très grands défis. Avec l’amélioration de la prévisibilité des comportements et des risques, il peut y avoir une très forte tentation d’hyper- individualisation, c’est ce qui se dessine. Pour autant, il faut en même temps développer  la solidarité, tout simplement  parce que les gens demandent aussi de la solidarité. Au Brésil par exemple, notre filiale Youse vient de lancer une assurance automobile baptisée Youse friend. Nous proposons à nos clients de se grouper, nous mettons une partie de la prime dans une cagnotte et le groupe gère son propre risque. On construit une communauté d’intérêts avec une dimension marchande, mais aussi une communauté solidaire.

Alizée Lozac’hmeur

On travaille au quotidien avec des entrepreneurs sociaux, donc des entrepreneurs qui montent des entreprises dont la vocation est de résoudre une problématique sociale, et qui le font sous la forme de l’entreprise parce qu’ils pensent qu’on peut générer un modèle économique viable et que c’est une des meilleures façons d’avoir un impact sur le long terme.

Jean Charles Samuelian

En assurance santé, l’enjeu est d’avoir un modèle économique qui permette d’investir énormément dans la prévention, où nos intérêts sont très alignés avec ceux de nos utilisateurs. Grâce à l’évolution de la génétique, au machine learning* pour analyser la donnée, on va individualiser le risque. En revanche, on n’individualisera jamais le tarif. Après, comment créer de la solidarité ? C’est le sujet le plus passionnant : comment individualiser les interfaces, la prévention entre une femme enceinte de 32 ans, un diabétique de 45 ou un jeune de 25, et assurer dans le même temps la mutualisation du risque pour garantir un accès juste à la protection sociale.